Quand on avait décidé de faire une rubrique « conduire au Japon » dans ce blog, c’était essentiellement pour parler des formalités à accomplir pour le permis de conduire japonais, des difficultés pour conduire, des relations avec notre garagiste et notre assureur… mais personnellement jamais je n’aurai pensé que j’écrirais un article qui aurait aussi pu s’intituler « le jour où je me suis fais serrer par les flics japonais ».
Par où commencer ?
Il fait chaud aujourd’hui 31 degré. On traîne à la maison jusqu'à 2h30 de l’après midi. La météo avait prévu de la pluie, ce qui n’est pas trop risqué comme prévision vu qu’on est en pleine saison des pluies, mais il fait beau, alors on décide d’aller faire un tour en voiture dans la campagne histoire d’admirer encore un peu les rizières en eau.
On roule, on roule. On arrive dans une petite ville où en pleine ligne droite au milieu de rien se profile un passage à niveau. Je ralentis, pas tellement parce que je roulais déjà pas très vite, je suis presque à l’arrêt de toute façon puisque ce passage à niveau est légèrement surélevé et que je n’ai pas envie d’abîmer la voiture dessus. Donc je suis presque à hauteur du passage à niveau quand la sonnerie, indiquant qu’un train approche et que les barrières vont se baisser, se met à retentir. Qu’est ce que je fais : j’accélère.
Erreur fatale !!! J’ai pas fait 50 mètres qu’une énorme voiture de police apparaît dans mon rétroviseur et puis j’entends la sirène et un type qui me dit en japonais dans un haut parleur de m’arrêter. Je m’arrête, peut être pas exactement là où il m’avait dit, mais c’est tout ce que j’avais compris, parce qu’un des 2 flics (qu’on appellera ici 1 et 2) court à la hauteur de notre voiture pour nous indiquer de nous garer sur le côté. Quand il s’aperçoit que c’est 2 « étrangers » qui sont dans la voiture il fait des yeux tous ronds avec un air de dire « ha bin c’est sur moi que fallait que ça tombe ».
Je me gare. J’éteins le moteur, je donne mon permis de conduire puis (1) me dit de sortir de la voiture et de le suivre jusqu'à la voiture de police. Elle me dira après qu’à ce moment Elle a cru que (1) allait me fouiller avec les mains sur le capot, comme dans Starsky et Hutch.
Je suis le flic (1) jusqu’à leur voiture et là il me dit carrément de monter à l’arrière. Houlà je me dis c’est peut être plus sérieux que le simple fait d’être passé sur un passage à niveau alors que le signal retentissait. Je monte et je découvre l’intérieur. C’est frais, c’est climatisé, des sièges en cuir (peut être en faux), c’est bien rangé…je remarque juste la petite caméra posée sur le tableau de bord pour filmer les arrestations (ou les courses poursuites, on sait jamais).
Ils me disent des tas de trucs en japonais, je leur dis que je ne comprends rien. Problème…
Il vérifie mon identité, mon adresse…ça prends du temps, essayez donc d’expliquer à un policier japonais que le « eau » qui se trouve dans votre nom se prononce en français « o », que vous ne pouvez pas jurer que ce qu’il y a écrit sur votre permis est bien votre adresse puisque de toute façon vous ne lisez pas les kanji (d’accord, là j’ai un peu exagéré), qu’ils aient fini de calculer quel âge vous avez parce que moi par exemple c’est écrit sur mes papiers que je suis né dans les années 40 et quelques de l’ère du précédent empereur ce qui ne facilite pas les calculs sachant que cette année on est en 18 de l’ère de l’actuel empereur. (2) me demande aussi mon numéro de téléphone, pas de chance, je suis nul pour ça, je ne retiens aucun numéro, il me demande si j’ai un téléphone portable, je réponds que non (c’est vrai) et là je crois qu’il a pensé que je me foutais de lui. Qui vivant au Japon depuis plus d’un an et demi n’a pas de téléphone portable ?
Pendant ce temps là, Elle était en train de rôtir dans notre voiture car j’avais gardé les clés de contact dans ma poche.
Puis ils ont commencé à vouloir m’expliquer ce que j’avais fait de mal en m’invitant à sortir de la voiture et en me montrant le passage à niveau. Ca donnait quelque chose comme ça (je transcris en français pour que tout mes lecteurs puissent profiter de cet échange anglo-nippo-francais et aussi avec les mains).
- (1) vous, pas arrêter
- (moi) non, non sonnerie, train, freiner, japonais pas comprendre
- (2) anglais comprendre ? pas train, pas stop, arrêter
- (moi) oui, oui, freiner sonnerie mais pas train alors passer
- (2) non, non pas freiner toujours arrêter
- (moi) oui, non, pas d’accord, japonais pas comprendre
- (1) Permis de conduire arrêter
- (moi) Hé ! ils vont quand même pas m’enlever mon permis parce que je suis passé pendant la sonnerie du train quand même (là je m’adresse directement à Elle qui nous à rejoins).
- (2) regardez là bas SVP, Stop il y a, vous pas arrêtez Stop
- (1) dedans voiture s’il vous plait, permis de conduire
Je me retrouve dans la voiture de police, puis ils me montrent un papier avec 9000 yens écrit dessus et je comprends que ç’est le montant de l’amende parce que j’ai grillé e Stop qui est devant le passage à niveau et que merde, ça fait cher la sortie à la campagne. Ils me disent de signer la contredanse, je dis que je veux bien mais que je ne lis pas le japonais et que je ne signe pas un truc que je ne comprends pas. Big Problème…A ce niveau de l’histoire, je pensai que devant un tel problème, ils laisseraient tomber, parce qu’en fait je trouvais ça très sévère de me mettre un contredanse parce que je n’avais pas marqué l’arrêt total à un croisement avec un train !!!
Ils ne savent plus trop quoi faire. Alors ils me disent OK, on va au commissariat pour débrouiller tout ça. J’ai vraiment pris ça comme de l’intimidation sur le coup.
Et puis je repense aussi à mon permis qu’ils ont toujours en main alors je demande « et le permis alors ? » Et là ils me font très clairement comprendre que soit je signe la contredanse et ils me rendent mon permis et je peux continuer à aller me jeter sous les trains japonais si ça me chante soit on va tous au commissariat pour un certain temps et sûrement pas pour prendre le thé à mon avis.
Du coup, j’ai compris que y’avait plus grand-chose à faire à part signer, à moins de vouloir faire un reportage sur l’intérieur d’un commissariat japonais, chose que j’avais déjà vu par ailleurs et que j’avais trouvé beaucoup moins plaisant qu’un après midi à contempler la campagne japonaise.
Bref, je m’apprête à signer et … « attention SVP ne nous faites pas un gribouillis d’occidental mais écrivez votre nom en toutes lettres en lieu et place de signature. »
En moi-même je me suis dit, j’aurai dû le signer, ils auraient sûrement dû re-remplir totalement le formulaire…hahaha… je rigole, mais à ce moment là j’en avais vraiment marre alors je m’applique, j’appose aussi mon empreinte (je suis fiché maintenant), ils me tendent une serviette blanche pour essuyer l’encre de mon doigt (j’espère qu’il ont de la bonne lessive), je dit merci, pardon, excusez moi , ils me répondent de même (c’est pas tous les jours qu’un flic s’excuse de vous donner une prune !) on se sert la main, copain copain, tout va bien , salut les gars et à la prochaine.
Que conclure, d’une si longue histoire.
- faites attention au stop devant les passages à niveau. Le panneau est rond en jaune et rouge. D’habitude ils sont triangle rouge et blanc !
- merde de merde et re-merde pour les 9000 yens
- les policiers japonais restent polis et cordiaux même quand un type comme moi les embrouille pendant un bon moment.
- Il fait bien frais dans la voiture des flics.
et pendant ce temps la, Elle prend des photos !